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Les aventures névrotiques, cynophiles et éducatives d'une princesse innocente
7 juillet 2012

La Révélation

L'autre soir, c'était le vernissage de ma moitié et nous étions une petite poignée d'amies à nous y rendre. (Tu oublies immédiatement l'allure mondaine que tu es en train de nous affubler en lisant "vernissage" ; on n'est pas dans Sex and the City, alors on y va en tongs et mal coiffées. Sauf Sista, toujours impeccable dès lors qu'elle passe la porte de son immeuble.)

Vers 22 heures, ne reste que le Philou et moi-même dans mon salon. Plus le chien, qui dort, mais cela n'a que peu d'importance pour la suite. Philou est en train de se prélasser sur le beau Lazy (elle semble d'ailleurs plus avoir adopté le canapé que le poney, soit dit en passant), et nous parlons de trucs de meufs. On biatche un peu, on se re-re-re-raconte nos oraux de partenariat, on parle de cul, d'amour, et bien sûr, on cause de nos vies d'avant. Une jolie soirée avec ma pote, en somme.

Quelle ignorante j'étais alors...

Ma vie a basculé quand les yeux de Philou se sont attardés sur mon Mur.

Que je t'explique en quelques mots ; mon Mur, ça a commencé par une bande d'une vingtaine de centimètres de largeur, allant de la plinthe jusqu'au plafond, et sur laquelle j'avais disposé divers papiers qui me plaisaient (des photos, des trucs découpés dans des magazines, des petits souvenirs...). Au fil des années, la bande s'est épaissie, et aujourd'hui, elle prend l'intégralité de mon mur du salon. C'est-à-dire environ 2 mètres sur 3. Il y a tellement de choses dessus que plus personne ne le regarde vraiment. Les gens qui viennent chez moi y jettent un oeil, mais semblent fatigués d'avance à l'idée de décortiquer le contenu du Mur. Etonnamment, moi qui suis pourtant si attachée au regard de l'autre, je me cogne complètement d'être la seule à connaître ce Mur. 

Et ce soir-là, à cet instant-là, Philou a posé ses yeux dessus. Et elle les y a laissés. Elle a promené son regard doucement sur tous les éléments, avec ce léger sourire dont elle a le secret. J'ai attendu qu'elle finisse pour reprendre la conversation. Mais elle n'a pas repris la conversation. Elle m'a parlé d'une carte sur mon Mur. Je lui ai expliqué d'où elle venait, cette carte. Elle m'a demandé si mon collage était esthétique, ou quelque chose comme ça. Naïvement, j'ai répondu que non, pas vraiment, que j'avais constitué ce Mur sans trop réfléchir, au fil du temps, par des choses qui me touchaient, que j'aimais, ou qui avaient une valeur sentimentale. Elle n'a pas répondu pendant quelques secondes puis :
Philou : Ouais, en fait, ce Mur, c'est ta vie quoi.

...

(Imagine moi le regard fixe, posé sur Philou ; la bouche entrouverte et une certaine inertie post-traumatique dans tout mon être)

...

Princesse : Putain, ouais, Philou. OUAIS. Mais GRAVE !!
Philou : Ben ouais. C'est clair, tu retranscris pêle-mêle ta vie là-dessus.
Princesse : Putain, ouais, Philou. CARREMENT.

Une fois le choc passé, (non alors, j'entends tout de suite que tu t'offusques presque en te disant "mais quel foin elle nous fait celle-là à cause de ses bouts de papiers" mais le truc, c'est que tous les jours depuis des années, j'ai mon Mur sous les yeux et que j'ai pas été foutue de prendre conscience de ça. Alors là je prends une claque en me disant que non seulement j'expose ma vie à tout le monde depuis toujours et ça craint, mais je suis aussi d'un narcissisme confondant, ce qui craint tout autant. Sans parler du fait que chaque élément n'a jamais été réfléchi (ce qui ne me ressemble pas du tout), a été posé sur le Mur comme ça, sur un coup de tête, et étonnamment, je n'en ai jamais regretté un seul.) Une fois le choc passé, donc, on a joué au jeu du Cékoiça ?

Philou : Cékoiça ?
Princesse : Ca c'est une carte pour du tabac à rouler que j'ai depuis mon adolescence, achetée dans une foire de punks, et que j'avais acheté parce que je m'étais mise à fumer et que c'était super cool d'être rebelle en le revendiquant.
Philou : Pas innocent non plus les deux photos d'identité côte à côte de ta meuf et ta frangine...
Princesse : Putain ouais Philou, c'est complètement inconscient mais j'ai foutu les deux nanas de ma vie ensemble sur le Mur...
Philou : Et ça, c'est quoi ?
Princesse : Ca c'est purement esthétique. Ca date de l'époque où je n'écoutais que de l'électro.
Philou : Donc c'est pas esthétique. Ca fait parti de ton histoire.
Princesse : ...
Philou : ...
Princesse : Putain.....
(Note la richesse de mon vocabulaire dans ces moments-là...)

On a presque tout passé en revue.
Les cartes postales de Banksi, la carte postale des deux mariées en figurine achetée à Greenwich Village, la photo de ma mère qui fume à 20 ans, une carte postale du lapin d'Alice aux Pays des merveilles, mon cadenas de casier du collège, toutes les cartes et autocollants ramenés d'Amsterdam, la carte postale d'un lapin en peluche tué par une carotte offerte par Joker après une engueulade, les graffs politiques, la une de Libé quand Coluche est mort, la première photo de moi et Joker sur une plage bretonne, la carte postale achetée à l'usine Lu de Nantes, l'invitation à un vernissage dans le quartier de ma fac, la Bécassine dessinée par Chantal Thomas, la femme édentée qui montre ses seins en se marrant, mon porte-clés invaders, ma boite de fromage Président minuscule, l'autocollant de Birdy Nam Nam pour Trans-Boulogne Express, la minuscule boîte d'allumettes ramenée de Prague par une amie, les photos faites dans la rue avec mon Fisheye.....

Après le départ de Philou, vers 5 heures du matin, je me suis assise encore une fois devant et j'ai essayé de comprendre pourquoi j'avais fait ça.
Je n'ai pas réussi. 

Aujourd'hui, j'ai retiré tous les éléments de mon Mur. Ils sont sur ma table, empilés les uns sur les autres.

J'hésite, je ne sais pas ce dont j'ai besoin ; les accrocher de manière définitive avec de la colle forte sur une planche de bois ? Ou les ranger proprement dans une jolie boîte au fond d'un placard ? La thérapie est-elle finie ou ne fait-elle que commencer ?

Dis, Philou, je te dois combien ?

 

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Commentaires
P
Ahah, je viens juste de finir ton article en me disant que décidément, c'était la période des articles qui causent de déco. Notre côté Valérie Damidoche. <br /> <br /> <br /> <br /> Complètement d'accord pour la photo. Tu dis quand t'es là ma Simone. <br /> <br /> <br /> <br /> Le coiffeur : trop contente, je suis encore plus bonnasse qu'avant. Non, moi non plus je pensais pas ça possible.
S
Ouais, je comprends bien la problématique. J'ai un peu la même. Aujourd'hui je me suis demandée pourquoi j'avais des photos de mes amis de lycée affichées, quand je n'en vois plus la moitié, et pas une seule de ceux que je côtoie aujourd’hui.<br /> <br /> <br /> <br /> Il est urgent de faire une photographie, Princesse, Simone, Delmography. M'est avis.<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, ta coupe de cheveux?? HEIN?
P
Eh bien.... mon cadenas de collège n'est pas sans me rappeler ô combien tu étais chère à mon coeur en cette période. <br /> <br /> Et saches d'ailleurs qu'en réalité, ce soir-là, nous avons également parlé de ta photo d'identité où tu fais notre signe de ralliement, et me suis dit : "mais, pourquoi n'est-elle pas sur ce Mur ???", ce qui me paraissait incontournable.
S
Euuuh...Les 2 femmes de ta vie sont ta soeur et ta meuf ?! J'hallucine...C'est d'une originalité. Sur ce mur, rien de moi n'y est ? CHAPEAU BAS !<br /> <br /> <br /> <br /> Et moi j'avais capté que c'était ta vie mais je voulais que tu decouvres toute seule un peu...<br /> <br /> <br /> <br /> Jte kiss love ya
P
Héhé petite maline ! <br /> <br /> <br /> <br /> A Princesse Innocente, <br /> <br /> 888 wonderful Street<br /> <br /> Paillettes Land<br /> <br /> (et je te paierai avec un chèque goût fraise que je donnerai à mon poney voyageur, ok ?)<br /> <br /> <br /> <br /> <3
Les aventures névrotiques, cynophiles et éducatives d'une princesse innocente
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