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Les aventures névrotiques, cynophiles et éducatives d'une princesse innocente
1 juin 2012

Que j'aimerai bien te raconter des trucs de oufs mais que je peux pas

Salut l'ami(e).

Tu vois, j'ai à peine le temps de changer de tampax dans la journée alors tu penses qu'écrire des articles le soir... Je préfère m'effondrer dans mon (vieux) canapé (pourri), rester un quart d'heure la bouche ouverte et le regard vide, et terminer ma soirée à lobotomiser devant Desperate Housewives en streaming, en ponctuant mon visionnage par des "elle a dit quoi là ?", "han ! pourquoi il fait ça lui ?" ou "Arrêtes de dormir, bordel de bite, tu vas encore rien suivre !". Parce que la soirée de Joker consiste à faire acte de présence les cinq premières minutes de visionnage, puis à dormir le reste de l'épisode, pour enfin me demander un résumé pendant le générique de l'épisode suivant.

Ah, l'amour.

Aujourd'hui, mon chef Patoche s'est très discrètement renseigné sur ma situation amoureuse.
Patoche : Et donc tu vis dans le quartier, avec ton dogue allemand...
Princesse : Ouais. Je vais par où là ?
Patoche : Tourne à droite. Et mets ton clignotant. Alala, femme au volant...
Patoche, la finesse faite homme.
Princesse : Tu es trop lolant, attends je me gare, j'ai un fou rire. Chut.
Patoche : Et tu vis en couple ?
Patoche, la subtilité faite homme.
Princesse : Ben ouais. J'ai pas une petite voiture de ville ET un Kangoo à moi toute seule, payée avec mes assedics de crevarde. J'habiterai pas un appart de 80 m2 si j'étais seule.
Patoche : Ce charmant jeune homme, euh... oui jeune homme, fait quoi dans la vie ?
Patoche, la fourberie faite homme.
Princesse : Pourquoi tu ne m'as pas demandé directement si j'étais gouine ? Graphiste, cette charmante jeune femme est graphiste.
S'ensuit un dialogue sur l'homophobie, comme dans 98% des cas où je suis amenée à rectifier l'appareil génital de ma moitié.
Mais, pour sa défense, ce bon vieux Pat a eu la décence de n'être ni condescendant, ni pro-homosexuels (genre, "non mais attends, vous êtes COMME TOUT LE MONDE QUOI, moi je m'en fous, j'veux dire, hétéro/homo, chacun fait ses choix"...). J'imagine, ceci dit, qu'il a eu trois bonnes semaines pour préparer sa réaction, entendu que le potinage est de mise dans ce stage.

Patoche.

Deux semaines après notre rencontre, je le regardais déjà avec des yeux attendris, comme une mère vaguement fatigué des bêtises de son rejeton.
Parce que Pat, il a beau être proche de la quarantaine, être mon chef de stage, et flirter avec les 120 kilos, j'ai un sentiment de protection envers lui. Il attise mon instinct maternel (ce qui, soit dit en passant, n'est pas non plus un truc exceptionnel, entendu que tout ce qui ne me regarde avec un sourcil relevé me rend guimauve, à l'approche de la trentaine).
Parce que Patoche, c'est le genre de grand gentil au regard humide, qui croit que dire haut et fort qu'il est très sensible et qu'il peut pleurer est encore un signe de virilité (c'était le cas dans les années 90, où être gay était le truc très mode) et qui peut, la minute suivante, fantasmer à voix haute sur une bimbo peroxydée aux seins à 3000 dollars californiens.
Parce que Patoche, il chante tout le temps, et souvent des tubes de Nostalgie. Et il ne s'arrête que quand j'ai rigolé à cette bonne blague (blague = chanter une chanson à tue-tête au travail).
Parce que Patoche a une conception de l'humour que je qualifierai d'intéressante... (J'insiste sur les trois petits points).
Patoche : Princesse, tu connais la différence entre une Finistérienne et une pantoufle ?
Princesse : ...
Patoche : Ben... t'es bien dedans mais t'y passerais pas ta vie !
Princesse : ...
Princesse : ...
Princesse : lol ?
Parce que Patoche, quand on est en voiture, il met la station skyrock ou fun radio, il ouvre les vitres et il se tortille sur son siège passager comme s'il était en boîte.
Parce que Patoche n'a aucun complexe à se plaindre toute une journée en arborant presque fièrement une minerve autour du cou. Alors, en bonne maman, je lui demande s'il a été chez le médecin. Alors il me répond, comme un vieil ado qu'il est, que non, qu'il en a même pas besoin. Alors je fais les gros yeux, je dis que c'est pas bien malin tout ça, que c'est douloureux (à l'entendre gémir du moins) et qu'il a intérêt à prendre rendez-vous très vite. Alors il hausse les épaules, me dit que je suis pas sa femme, et on se dispute parce que c'est pas une question d'être la femme de qui de quoi ou de qu'est-ce, que c'est juste pénible de le voir pas bien et de continuer à faire le gamin borné qui veut pas se soigner. Alors on arrête de se causer cinq minutes, et puis je lui pose une question de stage pour le remettre à sa place de grand maître d'apprentissage.
Parce que Patoche me fait confiance, n'a aucun a priori sur moi, parce qu'il n'hésite jamais à me faire des compliments, parce que c'est quelqu'un de profondément gentil et qui, je crois, a une vraie foi en l'humanité. Et ça, c'est très bath.

Et puis, je suis très contente ; ce soir, en partant, Patoche m'a promis qu'il irait chez le médecin ce week-end.

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Commentaires
P
Gounjette : en espérant que cette minerve n'ait pas raison de lui...<br /> <br /> <br /> <br /> Momone : voilà, MERCI MOMONE !!! Je tente depuis TOUJOURS de masquer mon identité, y compris ma ville et paf, tu balances ça comme ça l'air de rien en commentaire sur mon gueblo. ON REVE !! ON. REEEEEVE. Mais quand tu veux / peux pour la bolée de lait ribot à partager.
S
Haaaaaaaaaaaaan, trop choupi Patoche! <br /> <br /> <br /> <br /> Mais en vrai tu m'as l'air d'avoir le coeur guimauve et tout. Sinon, je vais probablement te checker bientôt pour une soirée à rennes, ça dépend de la réponse de l'appart d'aujourd'hui, qu'étais trop cool sa mère!<br /> <br /> <br /> <br /> ouais, je suis entièrement in the sujet.
S
Longue vie à Patoche !
Les aventures névrotiques, cynophiles et éducatives d'une princesse innocente
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